Difficile de ne pas la connaitre: il y a plus de 40 ans maintenant que la maison d’édition Art Global enrichit notre patrimoine culturel en laissant sa trace avec ses beaux livres et ses publications de qualité. Mais l’aventure de sortir de tels livres n’est plus ce qu’elle était. Et on se questionne aujourd’hui sur la suite des choses.

Fondée en 1974, la maison d’édition Art Global, dont le nom est un clin d’oeil au manifeste du Refus global, a longtemps eu pignon sur rue. Jusqu’à ce que l’on décide de la rétrocéder en fait, après que son fondateur, Ara Kermoyan, succombait à un cancer.
La compagnie orpheline depuis 2011, n’appartient donc plus totalement à la famille aujourd’hui, mais Mireille Kermoyan, qui avait toujours été proche de l’oeuvre de son mari, continue à y être l’éditrice principale depuis 2010. Le siège social de la maison d’édition est par ailleurs situé à son adresse, à Ville Mont-Royal, dans sa demeure où elle habite depuis la fin des années 70.
Une époque qui coïncide d’autre part avec les débuts des éditions Art Global, soit la publication de livres d’artistes, offerts en quantité limitée, vu les sérigraphies originales insérées dans les ouvrages de titres phares tels que Kamouraska d’Anne Hébert ou Prochain Épisode d’Hubert Aquin.
Ces livres de collection seraient impossibles à refaire aujourd’hui, selon Mme Kermoyan. « Le marché s’est tari, commente-t-elle. La maison a donc dû prendre des virages, dont celui de la publication Mme Mireille Kermoyan est résidante de Ville Mont-Royal depuis près de 40 ans. de livres d’art et de beaux livres. »
Et par là on entend notamment, « des livres coûteux à sortir parce qu’il sont de grands formats, illustrés en couleurs, avec couverture cartonnée et papier glacé », telle que la BD symphonique Ludwig de Christian Quesnel (2013), un dessinateur québécois qui s’est inspiré de la Lettre à l’immortelle bien-aimée de Beethoven pour ses illustrations, et dont la lecture a été conçue pour être accompagnée du Concerto pour piano no 5.
Mais plus encore, il y a le livre Masques de Richard Labbé (2011), sur les masques de gardiens de hockey, « un héritage de mon mari », indique-t-elle. Puis le livre d’art L’énigme du retour de Dany Laferrière (2013), enfermant 16 reproductions d'aquarelles originales du peintre québécois Pierre Tougas.
« C’est des aventures un peu folles, ça, confie-t-elle, et c’est pour cela que l’on est au ralenti, parce que c’est des prises de risques que l’on a moins envie de prendre. Art Global ne fonctionne pas avec le même élan que dans les années passées. Un moment donné, c’est une question de relève. On pense à passer le flambeau pour continuer dans le même esprit. »
Au catalogue d’Art Global, se sont ajoutés au fil des ans des livres plus grand public: de la littérature générale, des romans, des essais, des ouvrages savants, des livres d’histoire, ainsi que des biographies qui ont faites courir les foules, telles que celle de Guy Lafleur, Jean Béliveau, Gerry Boulet, ou encore Jean-Paul Riopelle.
Partagez sur