Malgré le sentiment d’urgence des inondés à répétition dans la cité-jardin, la Ville de Mont-Royal estime qu’elle doit prendre le temps nécessaire pour avoir l’heure juste sur le débit réel d’eau qui transite dans son réseau d’égout unitaire avant d’investir dans la création de bassins de rétention ou d’augmenter le diamètre des conduites.
« Il faut adopter une approche intelligente. Il n’y a pas de solution rapide ni de solution miracle », a affirmé le maire de Mont-Royal Peter Malouf, lors d’une soirée d’information sur la gestion des eaux pluviales, qui s’est tenue à l’hôtel de ville, jeudi dernier.
« Nous voulons être honnêtes avec les contribuables » et « apporter le meilleur support technique possible pour trouver des solutions à long terme pour notre communauté », a-t-il ajouté.
La modélisation hydraulique du réseau d’égout
L’ingénieur Marcel Roy de la firme JFSA, qui a été mandaté par la Ville en 2022 pour commencer à étudier la capacité hydraulique du réseau d’égout de Mont-Royal, faisait partie des intervenants lors de cette soirée d’information.
Il a expliqué qu’il travaillait en fait sur un modèle informatique qui permettra, éventuellement, de représenter le comportement réel des conduites du réseau d’égout de Mont-Royal.
Une trentaine d’appareils de mesure de débit ont ainsi été installés sur le réseau le 12 août dernier. Cette collecte de données permettra de calibrer le modèle, sinon « ça demeure un modèle théorique », a-t-il mentionné.
La prise de données devrait « techniquement » se terminer le 12 octobre, selon l’ingénieur. Or, « il n’y a pas énormément de pluie » ces jours-ci, « et ce que l’on veut mesurer avec ces appareils, c’est la contribution en eau de ruissellement qui vient d’une pluie pour arriver à calibrer le modèle. Il est donc possible que l’on prolonge la période de mesures de débit jusqu’à l’été prochain », a-t-il laissé savoir.
La cheffe de section des services techniques de Ville Mont-Royal, Hala Gébrine, qui faisait aussi partie du panel d’experts ce soir-là, a précisé que la campagne de mesure de débits était faite en collaboration avec la Ville de Montréal.
« Parce qu’il y a plusieurs points de mesure que l’on avait besoin qui sont situés au point de sortie du réseau sur les collecteurs de Montréal », a-t-elle expliqué, en soulignant que Montréal était aussi « en attente de leur propre campagne de mesures. »
« 2027, c’est bien trop loin »
L’échéancier du plan d’action pour la gestion des eaux pluviales de Mont-Royal, qui a été dévoilé aux résidants jeudi dernier, a suscité une vague d’indignation.
« Do something! », a lancé avec passion un citoyen au micro, en proposant que des bassins de rétention soient construits rapidement. « On n’agit pas assez vite! », a dit un autre résidant, qui a raconté avoir subi six inondations en deux ans. « On ne peut pas se permettre d'attendre 2027 » pour avoir des solutions concrètes, s’est également exprimé un autre intervenant.
« Les citoyens ont perdu confiance en la direction, parce que ça fait tellement longtemps que ça traîne cet enjeu-là », a poursuivi ce dernier. « On parle ici de millions de dollars de perte de la part des contribuables. Donc, c’est majeur! »
Parfaire ses notions de plomberie
Dans son plan d’action pour la gestion des eaux pluviales, la Ville de Mont-Royal invite par ailleurs les citoyens à protéger adéquatement leurs maisons pour ne pas subir d’inondation, en suivant à la lettre ses recommandations, qui figurent dans le dépliant intitulé « Combien bien protéger ma résidence des fortes pluies? »
Plusieurs citoyens sinistrés ont toutefois soutenu que ces mesures ne suffisaient pas lors de la rencontre. « Je me suis ruiné en travaux recommandés : j’ai tout fait ce qui est possible et je suis encore inondé », a dit un propriétaire de l’avenue Powell.
« J’ai tout ce qu’il faut, tout fonctionne, mais j’ai été inondée parce que vos tuyaux d’évacuation sont trop petits », a pour sa part mentionné une résidante qui habite à l’angle du chemin Saint-Clare, sur Portland, et qui a travaillé pendant 18 ans au service municipal de l’eau à la Ville de Paris.
« La pression est tellement forte dans le réseau que les bouches d’égout se soulèvent! », a aussi laissé tomber une sinistrée à répétition, qui, comme l’un de ses voisins sur l’avenue Lazard, dit avoir fait le « overkill », mais en vain.