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Au cours de l’été 2025, près de 500 résidents de la Ville de Mont-Royal ont signé une pétition réclamant des mesures urgentes pour accroître la sécurité routière dans notre municipalité. Ce geste, bien que modeste, a révélé un problème plus profond qu’une simple inertie administrative. Il a mis au jour une philosophie de gestion qui, consciemment ou non, privilégie la fluidité de la circulation automobile au détriment de la sécurité publique, une logique difficile à justifier en raison des données, de l’expérience et des principes fondamentaux d’urbanisme moderne.

Le 15 juillet 2025, lors de la séance du conseil municipal, le maire a réaffirmé sa conviction : faciliter la fluidité de la circulation réduirait la vitesse, et donc améliorerait la sécurité. Cette position, bien qu’elle puisse sembler intuitive à première vue, est pourtant contredite par l’ensemble de la recherche internationale en mobilité urbaine.
Les faits
Les recherches démontrent que, dans les milieux urbains, les mesures visant à « fluidifier » la circulation — voies élargies, axes rectilignes, arrêts espacés, feux synchronisés, suppression du stationnement de rue — conduisent à une hausse mesurable des vitesses pratiquées (NACTO, Urban Street Design Guide, 2013; Dumbaugh & Li, 2010; Hamidi & Ewing, 2014).
Les études démontrent clairement : la vitesse est l’un des principaux facteurs aggravants en cas d’impact, notamment pour les enfants, les aînés et les usagers vulnérables. Les données montrent qu’un piéton heurté à 30 km/h a près de 90 % de chances de survivre, tandis qu’à 70 km/h ces chances deviennent presque nulles (OMS, Managing Speed, 2017; OCDE/ITF, Speed and Crash Risk, 2018).
C’est pourquoi l’OCDE, l’OMS, NACTO et Vision Zero Network recommandent de repenser la conception des rues, non pour la fluidité, mais pour réduire les vitesses, par exemple en rétrécissant les voies, en installant des passages surélevés, et en redonnant de l’espace aux piétons (Vision Zero Network, 2022).
Les interventions d’apaisement de la circulation sont efficaces et abondamment documentées. Les méta-analyses confirment qu’à l’échelle d’un quartier, ces dispositifs entraînent une baisse systématique des vitesses et une diminution du nombre de collisions (Elvik, 2001; Bunn et al., 2003). Or, à Ville de Mont-Royal, de tels aménagements sont appliqués sans cadre clair et demeurent totalement absents dans des corridors scolaires officiels comme les chemins Lucerne et Rockland, où circulent chaque jour des centaines d’enfants et de familles, et où des vitesses moyennes avoisinant les 70 km/h — soit 30 km/h au-dessus de la limite permise — sont régulièrement captées par les radars et rapportées par les résidents.
Les meilleures pratiques
De nombreuses villes canadiennes l’ont compris. Vancouver, Toronto et Montréal ont adopté Vision Zéro, dès la fin des années 2010. Edmonton, pionnière dans le domaine, a réduit de moitié ses décès routiers et de près d’un tiers ses blessures graves en moins d’une décennie. Au total, 25 villes, 3 régions et 3 provinces au Canada ont déjà intégré cette approche (Parachute Canada, 2023).
Pourquoi la Ville de Mont-Royal persiste-t-elle à défendre une logique que le reste du pays abandonne?
Le choix de société
Malgré les témoignages de résidents, les incidents récurrents et une perception croissante d’insécurité dans nos rues, les réponses de la Ville demeurent fragmentaires, relèvent trop souvent de l’improvisation et restent centrées sur la fluidité automobile plutôt que sur la protection des personnes. Ce n’est plus une question technique : c’est un choix de société.
Nos rues doivent-elles permettre aux automobilistes en transit de gagner 90 secondes? Ou doivent-elles garantir le droit élémentaire de circuler en sécurité?
Une vision pour la cité-jardin
Ville de Mont-Royal fut conçue comme une cité-jardin. Elle mérite aujourd’hui mieux qu’un urbanisme de rattrapage. L’avenir de notre ville doit reposer sur une vision renouvelée, une ville où la qualité de vie, la sécurité des résidents et la cohérence des politiques publiques priment sur la commodité des déplacements pendulaires.
C’est dans cet esprit qu’est né le Comité citoyen de la Mobilité et de la Sécurité des rues de VMR. Nous proposons des solutions concrètes, crédibles et adaptées au contexte de notre ville.
Nous demandons à l’administration municipale de :
• Reconsidérer le principe de la fluidité comme levier de sécurité et adopter une démarche inspirée de Vision Zéro;
• Collaborer avec les résidents et les experts pour créer un comité consultatif officiel de la circulation (CCC);
• Élaborer un plan directeur de mobilité fondé sur les meilleures pratiques et les besoins réels de la communauté.
Avant la prochaine tragédie
Notre objectif est de travailler de manière collaborative afin de mettre en place un cadre de gouvernance transparent et rigoureux, à la hauteur des attentes d’une ville moderne. Une ville qui banalise le risque finit par compromettre le vivre–ensemble.
Agissons avant la prochaine tragédie, pas après.
Comité citoyen de la Mobilité et de la Sécurité des rues de VMR Alexandre Cassis (District 8), Alexandre Da Silva (District 4), Anaïs Nantel (District 8), Franceen Browman (District 8), Ilaria Ceriello (District 8), Judith Picard (District 3), Roula Al Nseir (District 6), Florence Shousha (District 7).
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