À la fin des années 1950, la Ville de Montréal a élargi le boulevard de l’Acadie, alors appelé l’avenue McEachran, et a transformé ce qui était un chemin de terre en une artère urbaine achalandée. La nouvelle route qui causait des maux de tête aux résidants de la Ville de Mont-Royal, qui se souciaient de la sécurité de leurs enfants, a fait en sorte que ces derniers ont demandé au conseil municipal de construire une barrière le long de la limite Est de la Ville. Selon une réunion du conseil, en mai 1960, la Ville a engagé des constructeurs afin d’ériger une clôture de deux mètres de haut en mailles, avec une seule ouverture piétonne et « une haie appropriée. » —Extrait de Walls

La clôture qui longe le boulevard de l’Acadie et sépare Ville Mont-Royal de Parc-Extension, a souvent fait parler d’elle depuis qu’elle a été érigée en 1960. Le sujet s’est même rendu jusqu’à Ottawa, à une certaine époque. L’auteur calgarien, Marcello Di Cintio, y a consacré le dernier chapitre de son livre Walls: Travels Along the Barricades, publié en 2012, et dont la version française sortira au Québec en 2017. Entrevue et extraits traduits.
À partir de la question « Que cela signifie-t-il de vivre contre un mur? », Marcello Di Cintio a visité l’Algérie, le Maroc, les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla, Israël, la Palestine, l’Inde, Chypre, Belfast, la frontière entre les États-Unis et le Mexique et… Montréal, afin d’en savoir plus sur la réalité des barrières de séparation.
Au printemps 2011, alors qu’il documentait les tenants et aboutissements de la clôture sur l’Acadie, Di Cintio n’a jamais pu s’entretenir avec ses auteurs. Après plusieurs courriels, on lui a brièvement fait savoir que « the Town does not wish to be involved in this project. »
« J’imaginais que la Ville ne voudrait pas que leur clôture déjà vilipendée soit associée à ces grandes méchantes barrières du monde. Je suspectais, aussi, qu’ils allaient trouver la juxtaposition absurde. Je ne pouvais pas les blâmer. Cette clôture rouillée peine à jeter la même ombre litigieuse, tel que dit sur la barrière de Cisjordanie, les interfaces de Belfast, ou le mur le long de la frontière États-Unis-Mexique. Mais je voulais savoir s’il n’y avait pas quelque chose en commun entre ces grands murs et la minuscule clôture de VMR », écrit-il dans Walls.
Dès lors, qu’avez-vous retenu de votre investigation?
Je crois en l’intention originale qui était d’ériger une clôture pour la sécurité des enfants. Mais je pense que cela est devenu quelque chose d’autre. Je pense que c’est devenu une division entre les riches et les pauvres; et une division entre certains groupes définis aussi.
Walls a entre autres gagné le prix Shaughnessy Cohen pour une œuvre politique; et a été publié au Canada, aux États-Unis et au Royaume-Uni. Une édition bulgare est sortie en 2014 et une version française sera publiée à l’automne 2017 au Québec, chez Lux Éditeur.
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