PHOTOS COURTOISIE DE L’ARTISTE
Cette artiste-peintre a le vent en poupe et a fait de l’art aborigène australien son inspiration première: ses œuvres picturales faites d’une myriade de petits points, qui étaient jusqu’à tout récemment exposées chez Dupond & Dupont, seront aussi à l’honneur cet automne à la Bibliothèque Reginald-J.-P.-Dawson, alors que la membre d’ArtTram y présentera son premier livre, le 16 octobre prochain.
Publié à la maison d’édition mp tresart, le livre de Diane Houde intitulé Créer un point à la fois... L’art aborigène a changé ma vie raconte en mots et en images son périple de deux mois en Australie, qui a éveillé en elle une véritable passion et admiration pour le peuple aborigène, arrivé il y a au moins 50 000 ans sur ce vaste continent.
Celle qui a gravité dans l'univers du commerce de détail durant 38 ans, notamment pour le groupe TJX Canada, raconte que c'est la lecture du livre Message des hommes vrais au monde mutant : une initiation chez les Aborigènes, de Marlo Morgan, qui a servi de bougie d’allumage pour s’envoler à la rencontre des populations autochtones d’Australie. « Ce livre est le récit d’une médecin qui part en Australie vivre avec les Aborigènes et qui témoigne de son expérience. Une fois que je l’ai eu terminé, je me suis dit : un jour, je vais aller là-bas! » C’était en 1995.
C’est finalement dix ans plus tard, alors qu’elle venait de prendre sa retraite, en 2015, que Diane Houde a quitté sa maison des Laurentides pour le pays des kangourous. « Ce voyage a vraiment été magique pour moi, confie l’artiste, puisque j’ai entre autres été en présence de l’art issu de la culture du peuple Anangu de la région d’Uluru, au centre du désert Australien, et ça m’a complètement submergée d’émotions, en plus de m’inspirer à créer de la même façon qu’eux », mentionne celle qui, à partir de ce voyage, a alors commencé à peindre avec la technique du pointillisme.
Une deuxième lecture requise
La population Aborigène n’ayant pas de langue écrite à l’époque, cette dernière utilisait l’art et différents signes, dessins et symboles pour raconter des histoires évoquant le mythe fondateur de leur société, leur quotidien, les savoirs anciens et sacrés; pour communiquer en général. Cela dit, l’art aborigène comprend une panoplie de symboles, qui, sans avoir de codes de lecture, peuvent être difficiles à déchiffrer. Quatre « U » à l’envers assemblés autour d’un cercle central, par exemple, décryptés en première lecture comme une simple fleur, signifie plutôt un rassemblement autour d’un feu.
Il existe aussi toute une série de signes qui symbolisent différentes empreintes d’animaux, telles que celles du dingo, de l’émeu, de l’opossum ou encore du kangourou. Bref, étant grandement influencée par cet art, Diane Houde utilise souvent de ces symboles graphiques dans ses toiles. Autrement dit, si un premier regard furtif sur l’une de ses créations peut laisser penser qu’elle appartient au registre abstrait : il n’en est rien. Au contraire, comme chez les peuples aborigènes, chacune de ses œuvres porte un message, raconte une histoire ou témoigne d’extraits de vie s’apparentant à des vues topographiques.
Néanmoins, son « style évolue », indique-t-elle. Et cette dernière n’hésite pas à s’éclater dans sa passion du pointillisme, en s’octroyant le droit d’avoir ses propres symboles et interprétations. Un exemple de ceci est sans doute ce grand tableau mesurant 4 pieds x 6 pieds, intitulé « Les dix tourbillons de la vie » (voir image ci-bas), qui lui a pris pas moins de 400 heures de travail et qu’elle a vendue pour 4000 $. « Oui, ça ne revient pas cher de l’heure, rigole-t-elle, mais cette toile raconte l’histoire d’une vie. J’ai imaginé une personne qui vit 100 ans. Puis j’ai créé dix colonnes pour chaque tranche de dix ans, et j’ai exprimé par les courbes l’énergie que l’on ressent à chaque tranche d’âge. »