PHOTOS STATION MONT-ROYAL
À la fin des années 60, dans le 5e arrondissement de Paris, Nabih Srour vendait ses dessins à l’encre de Chine sur le trottoir de la très animée rue Mouffetard, autour de 30 francs l’oeuvre, soit environ 7 $.
« C’était un challenge que je m’étais lancé. À l’époque, j’étudiais en finances, mais je faisais l’artiste du dimanche et ça m’amusait beaucoup », raconte le membre d’Arttram depuis une dizaine d’années.
Issu d’une famille nombreuse de huit enfants, l’homme de 75 ans se rappelle très bien son enfance, toujours entouré de pinceaux, de tubes et de palettes de couleurs, alors que l’un de ses frères faisait l’Académie libanaise des beaux-arts.
« J’aimais beaucoup ça », dit-il. Mais voilà, « ma mère m’a influencé, le jour où elle m’a dit que l’on n’avait pas besoin de plusieurs artistes dans la famille. »
Les colonnes de chiffres devenues finalement son lot quotidien, Nabih Srour parle aujourd’hui de ce qui était sa carrière d’expert-comptable dans le secteur pétrolier, comme d’un métier qui n’avait rien à voir avec ce qu’il aimait faire dans la vie. Un sous-entendu à sa passion pour les arts, somme toute.
Or ce boulot aura eu du bon. Ne serait-ce que pour tous ses séjours d’affaires en Afrique, au Moyen-Orient, en Europe et en Amérique. De fait, partout où il y avait un musée ou une exposition, « j’y étais », souligne-t-il, en ouvrant rapidement une parenthèse sur son côté dénicheur. « Ma femme et moi avons accumulé beaucoup d’antiquités au fil du temps… Des objets qu’aucun de mes enfants ne veut ! », s’amuse le collectionneur, qui est aussi un fier amateur d’art canadien depuis son arrivée au pays il y a 32 ans. « J’ai trois tableaux de Tatossian », dit-il.
Fana d’arbres
Résidant de Ville Mont-Royal depuis près de 15 ans, Nabih Srour suit des cours d’art au Centre des Loisirs depuis plusieurs années maintenant. Il y a des professeurs à qui il doit beaucoup, de son propre aveu, encensant au passage Marie-Lyne Veilleux, Nadine Bourgeois et Jocelyne Lambert notamment.
Son médium de prédilection en ce moment? L’aquarelle à cause de sa spontanéité, laisse-t-il savoir, en indiquant que plus ça va, moins il utilise de couleurs.
« L’abstraction de la nature », serait l’expression qui résume le mieux son style par les temps qui courent. « J’aime les arbres; et pour moi, les arbres, c’est une sculpture de la nature », laisse-t-il tomber d’un ton lyrique. « Ce que je fais souvent, c’est que je vais me balader dans les bois, je prends des photos. Beaucoup de photos. Puis je reviens à la maison; ça me travaille pendant quelques jours; et je jette sur un papier. »
L’utilisation du papier Yupo, fait de matière plastique, entièrement lisse et imperméable, est par ailleurs un support qui le fascine, vu que le rendu final n’est pas instantané.
L’artiste qui travaille environ 20 heures par mois sur ses oeuvres — parce qu’avoir huit petits-enfants, ça demande du temps, dit vendre tout juste assez de toiles pour payer son matériel. « En fait, j’ai beaucoup d’admirateurs dans la famille, donc je donne ! »
Comme plusieurs autres artistes québécois, Nabih Srour a offert quelques-unes de ses toiles à la Fondation Lebanese Children’s Fund (LCF), suite à l’explosion au port de Beyrouth, début août. L’argent amassé par la vente d’oeuvres d’art a pour but de soutenir les familles dans le besoin au Liban.
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Commentaires
Merci Arttram pour EXPO AU PARK et le journal qui a fait l'entrevue ce qui nous donne le privilège de connaître un peu mieux un membre tres sympathique de notre groupe d'artistes .
Felicitations Nabih, tes aquarelles sont superbes , toutes pleines de poésie ! A bientôt.